Rapport d’expertise sur le transport d’animaux de soutien émotionnel à bord du matériel de transport

Table des matières

 

Contrat no D410022001
Préparé pour l’Office des transports du Canada

Par : Dre Colleen Wilson, médecin agréée, ACVB
Spécialiste du comportement animal
Médecin agréée de l’American College of Veterinary Behaviorists

1. Introduction

Concernant le transport d’animaux de soutien émotionnel (ASE) à bord du matériel de transport, l’auteure est d’avis que bien qu’une myriade de petits animaux puissent être considérés comme des ASE pour les voyageurs ayant besoin de cette forme de soutien, les chiens représentent la seule option viable en raison de tous les enjeux de sécurité, car ils sont les plus adaptés.

2. Espèces qui répondent généralement aux critères liés aux ASE

En principe, n’importe quel animal peut être considéré comme un ASE, mais seuls les chiens peuvent être dressés pour des environnements de voyage uniques. Les chiens d’assistance, comme les chiens-guides pour aveugles, sont élevés, sélectionnés et préparés pendant des années à affronter et à tolérer toutes sortes d’environnements, de situations et de déclencheurs qui, autrement, provoqueraient de l’anxiété et de la peur chez la plupart des animaux pendant un voyage. Les chiens de compagnie qui ont suivi un dressage général pour chiens pourraient être pris en considération, mais rien ne garantit qu’ils ne ressentent pas de l’anxiété ou de la peur; ils pourraient donc mal se comporter et ainsi poser un risque pour la sécurité. Cela s’explique par le fait que les chiens de support émotionnel ne suivent pas le dressage de niveau avancé des chiens d’assistance, où ils apprennent à s’adapter et, par conséquent, à bien se comporter dans un environnement de voyage. Il n’existe pas de dressage pour d’autres espèces.

a) Environnement de voyage unique

Les environnements de voyage sont uniques en ce sens qu’ils exigent habituellement que les animaux transportés soient confinés dans de petits espaces encombrés et parfois dans un endroit isolé pendant de longues périodes. De plus, en ce qui concerne le transport aérien, des variables comme les facteurs liés à la température, le niveau de bruit, la présence de foules, les odeurs, la variation de la turbulence, d’autres situations d’urgence et d’autres animaux comme les chiens d’assistance – qui sont considérés comme des prédateurs pour de nombreux petits animaux exotiques –, pourraient provoquer une peur, une anxiété et une détresse excessives chez les animaux non habitués à ces environnements.

Les chiens peuvent être conditionnés pour s’adapter à ces environnements uniques dans la mesure où ils suivent le même niveau de dressage que les chiens d’assistance. Les chiens de support émotionnel ont peut-être les capacités nécessaires sur le plan génétique pour faire face à ces situations uniques et ils peuvent être bien dressés pour le faire. Toutefois, le fait qu’un chien soit dressé ne garantit pas qu’il n’aura pas d’écarts de conduite, n’éprouvera pas d’anxiété ou de crainte, ou qu’il sera inoffensif pour les autres dans un tel environnement et n’aura pas de comportement agressif. Les chats et les petits animaux exotiques, notamment les furets, les oiseaux, les rongeurs, les lapins, les iguanes ou les lézards, nécessitent des conditions environnementales spécifiques qui ne peuvent être garanties dans divers milieux de voyage. Ces animaux ne sont pas habitués aux environnements de voyage typiques, ils sont moins en mesure de s’adapter sur le plan émotionnel, et l’expérience risque de les rendre malades.

b) Caractéristiques et comportements dangereux et inappropriés propres à différentes espèces lors des déplacements

Les facteurs liés à la température, le niveau de bruit, la présence de foules, les odeurs, la variation de la turbulence, d’autres situations d’urgence et la présence d’autres animaux comme les chiens d’assistance – qui sont considérés comme des prédateurs pour de nombreux petits animaux exotiques –, pourraient provoquer une peur, une anxiété et une détresse excessives chez les animaux non habitués à ces environnements. Plusieurs ASE rencontrés couramment sont particulièrement vulnérables, dont les oiseaux qui ont des sacs aériens plutôt que des poumons pour respirer, ce qui les rend particulièrement sensibles aux changements de la qualité et de la pression de l’air, les reptiles dont la survie nécessite des températures précises et constantes, et les lapins qui peuvent se jeter sur le dos lorsqu’ils ont peur ou qu’ils ne sont pas bien soutenus et risquent de mourir d’une fracture.

Le chien est le seul animal qui peut apprendre à contrôler pleinement ses fonctions d’élimination. D’autres espèces animales peuvent être des ASE, dont les chats, les rongeurs, les reptiles, les furets, les cochons nains, les chevaux miniatures et les oiseaux, mais on ne peut pas leur apprendre à se retenir de se soulager. Ils urinent et défèquent librement. Cela représente un risque important pour la santé et la sécurité des passagers et des membres d’équipage dans un environnement de voyage typique. De nombreuses zoonoses (maladies transmises de l’animal à l’humain) se transmettent par les déjections animales, et les agents pathogènes se développent dans les matières fécales qui peuvent être présentes là où loge l’animal ou sur l’animal lui-même. Il est à noter que les contenants utilisés pour le transport doivent permettre la ventilation, ce qui entraîne aussi la possibilité de voir s’échapper des excréments et de l’urine dans l’environnement. Bien que les contenants de transport puissent servir à contenir l’animal, son bien-être sera compromis pendant un long voyage.

L’état émotionnel de tout animal ainsi que ses besoins physiologiques sont des facteurs importants qui peuvent soulever des préoccupations en matière de santé et de sécurité publiques pour les voyageurs et les employés de l’industrie du voyage. Les petits animaux et les animaux de compagnie exotiques, notamment les chats, les rongeurs (lapins, rats, souris), les reptiles (serpents, iguanes, lézards), les furets, les cochons nains, les chevaux miniatures, les oiseaux (perruches, perroquets, poulets, dindes) sont des « êtres sensibles ». Cela signifie qu’ils ressentent la douleur et les émotions fondamentales comme la peur et l’anxiété et en souffrent tout comme les personnes.

Dans un environnement nouveau comme lors d’un voyage, ces animaux ne sont pas habitués aux conditions, aux expériences et aux environnements de voyage et peuvent ressentir du stress, de la peur, de l’anxiété et de la détresse. Les animaux qui vivent du stress, de l’anxiété et de la peur sont plus portés à se soulager. C’est pourquoi ces animaux de compagnie sont généralement considérés comme présentant un risque pour les gens dans un environnement de transport public.

Un stress prolongé entraîne un risque accru de maladie et de blessure pour l’animal ainsi qu’un risque de propagation d’une zoonose et de comportement défensif envers les autres animaux et les personnes fondé sur la peur.

Renseignements scientifiques pertinents sur l’une des zoonoses les plus courantes : la salmonelle

La salmonelle est classée comme une bactérie à gram négatif causant des maladies gastro-intestinales chez les personnes, et elle a été isolée chez toutes les catégories d’animaux. De nombreux petits animaux domestiques agissent comme des vecteurs (souris, rats, gerbilles, hamsters, cobayes, poulets, reptiles, iguanes, tortues, amphibiens et hérissons). La salmonelle est tellement répandue chez les reptiles qu’on peut présumer que tous les animaux de compagnie appartenant à ce groupe en sont porteurs. Il est recommandé que les personnes se lavent les mains ou les désinfectent après avoir touché n’importe quel reptile, ce qui est peu probable durant un voyage. Les animaux peuvent transporter la bactérie sans présenter de signes de maladie. La plupart du temps, les personnes sont contaminées lorsqu’elles touchent des surfaces contaminées par des selles et que l’agent infectieux est transféré de leurs mains à leur bouche. La salmonelle est considérée comme un organisme infectieux résistant qui peut demeurer vivant dans l’environnement pendant de longues périodes.

La propagation des zoonoses n’est pas seulement théorique ou hypothétique; elle est aujourd’hui répandue et constitue l’une des causes les plus courantes de la diarrhée bactérienne dans le monde. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis déclarent 1,35 million de cas chaque année, causant des hospitalisations et même un faible pourcentage de décès. Une récente flambée aux États-Unis, en pleine période de pandémie de COVID-19, est à l’origine de 44 cas de maladie et de 25 hospitalisations. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis poursuivent actuellement l’enquête.

Autres zoonoses courantes chez les petits animaux domestiques (exotiques) et détails des préoccupations en matière de sécurité

Oiseaux

Les perroquets et les perruches sont tous des porteurs asymptomatiques de la bactérie Chlamydophila psittaci qui peut être transmise aux personnes par aérosolisation. Il arrive souvent que les oiseaux stressés par le transport ou les déplacements tombent malades et meurent. Les gens inhalent la bactérie présente dans les excréments, mais ils peuvent demeurer asymptomatiques. Sous l’effet du stress, les symptômes peuvent dégénérer en pneumonie chez l’animal de compagnie.

Rongeurs

Les lapins peuvent être porteurs de Salmonella sp., d’Escherichia coli et de Clostridium difficile, qui sont également des agents pathogènes transmis à l’humain par la contamination fécale des aliments, de l’eau ou des mains, suivie d’une ingestion. Ces agents pathogènes engendrent des symptômes gastro-intestinaux sévères chez les personnes. Pasteurella multocida est un agent pathogène courant dans le système respiratoire des lapins, qui se transmet aux humains par une morsure infectée. Le risque est généralement faible, mais il demeure présent.

Un agent pathogène rare, mais récemment apparu chez l’humain, est le parasite obligatoire des lapins : Encephalitozoon cuniculi; il s’agit principalement d’une infection fongique présente chez 50 à 75 % des lapins.

L’organisme se transmet par l’urine et entraîne une nouvelle zoonose préoccupante pour les personnes immunodéprimées.

Les rats de compagnie sont des porteurs asymptomatiques du virus Séoul, qui est transmis aux humains par des excréments aérosolisés et cause une grave maladie respiratoire et rénale chez les humains. Récemment, les Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis ont déterminé qu’un centre de reproduction de rats de compagnie dits « dumbo » avait transmis cette maladie à 31 établissements aux États-Unis, où certaines personnes avaient été infectées et hospitalisées pour des problèmes rénaux.

Furets et hérissons

Bien que cela se produise rarement, les furets peuvent transmettre la grippe saisonnière aux gens, causant une maladie respiratoire bénigne.

Campylobacter est généralement un contaminant grave des aliments pour volaille et des furets. Les furets peuvent propager la bactérie pendant plus de 100 jours après leur rétablissement. Les hérissons peuvent aussi héberger la bactérie.

Chats

Les chats de compagnie sont porteurs de Bartonella henselae, qui se transmet aux personnes par une égratignure et cause la «  maladie des griffures de chat  ». Ils peuvent également être porteurs de Toxoplasma gondii, qui ne cause habituellement pas de maladie chez les personnes en bonne santé, mais peut entraîner de graves complications chez les femmes enceintes.

Chiens

Les chiens peuvent également être des vecteurs de zoonoses, bien qu’il s’agisse du seul animal dressé pour maîtriser pleinement ses fonctions d’élimination.

Singes domestiques

Certains singes domestiques peuvent aussi propager des maladies comme la campylobactériose, l’ehrlichiose et des infections à streptocoque, pour n’en nommer que quelques unes. Les singes domestiques peuvent soudainement se comporter de manière agressive envers les gens lorsqu’ils sont effrayés.

Rage : Il s’agit d’une infection virale du système nerveux qui affecte le plus souvent les chiens qui ont été en contact avec des chauves-souris et de nombreux autres mammifères. La transmission s’opère généralement par une morsure, mais elle peut aussi s’effectuer lorsque la salive d’un animal infecté est introduite dans les muqueuses d’une personne. N’importe quel mammifère peut contracter la rage, mais ceux qui soulèvent le plus de préoccupations sont les chiens, les singes ou les furets qui n’ont pas été immunisés.

Exemple détaillé de préoccupations en matière de santé et de bien-être que soulèvent les petits animaux de compagnie exotiques lors des déplacements

Reptiles

Les serpents ont besoin d’un environnement ayant des caractéristiques très précises. La température d’une cabine d’avion se situe généralement entre 14,5 et 28 degrés Celsius. De nombreux serpents de compagnie ont besoin d’environnements plus chauds qui leur permettent de réguler leur température en se déplaçant vers des zones plus chaudes ou plus froides pour maintenir l’homéostasie. Des variations de température d’aussi peu que 0,003 degré Celsius peuvent être détectées par certains serpents et déclencher une agression. L’hyperthermie aiguë peut tuer certains serpents et l’hypothermie prolongée entraîne une ataxie et une paralysie motrice à divers degrés.

La plupart des serpents sont des prédateurs qui sont stimulés par la vue et le son de rongeurs; il peut s’agir notamment d’un rongeur qui est un ASE et se trouve à proximité. Lorsqu’ils sont manipulés à l’extérieur de leur contenant de sécurité, même à domicile, les serpents peuvent émettre une odeur musquée dans leur environnement. Tout contenant utilisé pour les petits animaux comprend des trous d’aération, par lesquels des matières fécales peuvent aussi s’échapper dans l’environnement. Lorsqu’ils sont effrayés, les serpents deviennent agressifs et attaquent, mordent et serrent les gens. Des blessures graves ont été signalées chez des personnes qui manipulaient et nourrissaient des serpents. De plus, un grand nombre de personnes dans la population générale ont peur des serpents.

c) Espèces pour lesquelles les préoccupations en matière de sécurité pourraient être atténuées

Répétons que les chiens sont le seul animal qui peut apprendre à maîtriser pleinement ses fonctions d’élimination. D’autres espèces animales peuvent être des ASE, dont les chats, les rongeurs, les reptiles, les furets, les cochons nains, les chevaux miniatures et les oiseaux, mais on ne peut pas leur apprendre à se retenir de se soulager. Ils urinent et défèquent librement. Cela représente un risque important pour la santé et la sécurité des passagers et des membres d’équipage dans un environnement de voyage typique. De nombreuses zoonoses (maladies transmises de l’animal à l’humain) se transmettent par les déjections animales, et les agents pathogènes se développent dans les matières fécales qui peuvent être présentes là où loge l’animal ou sur l’animal lui-même. Il est à noter que les contenants utilisés pour le transport doivent permettre la ventilation, ce qui entraîne aussi la possibilité de voir s’échapper des excréments et de l’urine dans l’environnement. Bien que les contenants de transport puissent servir à contenir l’animal, son bien-être sera compromis pendant un long voyage.

d) Espèces d’animaux qui peuvent être dressés pour se comporter de manière sécuritaire et appropriée

À l’heure actuelle, les chiens domestiqués sont les seuls animaux qui peuvent être dressés de façon fiable pour suivre les ordres et se retenir de se soulager ou de manifester un comportement agressif envers les personnes et les animaux d’assistance de façon à pouvoir être jugés inoffensifs et appropriés dans un environnement de voyage.

Les rongeurs, les chevaux et les chats ne sont que partiellement ou pas du tout domestiqués. Lorsqu’un animal n’est pas habitué aux personnes, aux lieux ou aux environnements et qu’il y est exposé, sa réaction peut aller de l’adaptation à l’anxiété, à la peur ou à la détresse. Un animal peu domestiqué est plus susceptible d’être craintif en présence de personnes. Un animal craintif augmente le risque de problèmes de santé et de sécurité, notamment la transmission de zoonoses et les comportements agressifs dangereux.

En ce qui concerne les espèces non fiables dans les environnements de voyage, l’utilisation de cages et de muselières ne permet pas d’atténuer entièrement les préoccupations en matière de sécurité.

Les petits animaux peuvent être physiquement confinés dans des cages appropriées placées aux pieds du propriétaire, sous le siège devant lui ou sur les genoux d’une personne pendant le voyage. Ces types de contenants de voyage sont acceptables pour les courtes visites dans une clinique vétérinaire lorsque des soins médicaux sont nécessaires, ou lorsqu’un propriétaire adopte un animal de compagnie et l’amène à la maison. Sinon, les expériences de voyage de quelque durée que ce soit pour les petits animaux moins domestiqués soulèvent des préoccupations en matière de santé et de sécurité publiques pour les autres voyageurs et les employés.

On muselle un animal lorsqu’il existe un risque connu de morsure. En général, si un animal présente un risque de morsure, une muselière de type panier peut être un excellent outil pour prévenir une morsure. Toutefois, les muselières ne doivent pas être utilisées pendant de longues périodes, car elles nuisent à la fonction respiratoire normale, surtout lorsque l’animal est anxieux ou craintif et que sa fréquence respiratoire augmente. Il faut aussi habituer les animaux à les porter.

Lorsque des chiens doivent être muselés dans un nouvel environnement public, cela indique qu’ils ne réagissent pas bien à cette situation et qu’une intervention est nécessaire pour les aider à se sentir mieux. Ces chiens posent un risque général pour la sécurité du public et pour eux-mêmes.

Comme il est indiqué dans un document de l’Air Carrier Association of America (ACAA), le comité de l’ACAA a examiné avec soin, en tenant compte des réalités, des risques et des contraintes liées au transport d’animaux à bord d’un aéronef, environ 15 000 commentaires présentés par des particuliers, des organismes de défense des droits des personnes handicapées, des compagnies aériennes, des aéroports, des associations de travailleurs du transport, des organismes de santé et de dressage d’animaux et d’autres groupes d’intérêts spéciaux. On a conclu que [traduction] « les animaux de soutien émotionnel devraient être traités comme des animaux de compagnie » et que « pendant les voyages en avion, tous les animaux devraient être en laisse, attachés, porter un harnais ou pouvoir être attachés à une structure stable pendant le transport pour garantir la sécurité du public » et s’assurer qu’ils sont eux-mêmes en sécurité et qu’ils se comportent bien. De l’avis de l’auteure, ce n’est que le strict minimum pour transporter un chien de support émotionnel, car cela ne garantit pas que le chien ne se sentira pas anxieux ou effrayé, qu’il ne fera pas ses besoins ou qu’il ne se comportera pas de façon agressive pendant un voyage.

e) Animaux autres que les chiens d’assistance qui pourraient être considérés comme inoffensif à l’extérieur d’une cage

Les chiens qui réussissent un programme de dressage pour chiens d’assistance sont en mesure de s’adapter, d’avoir des sentiments essentiellement positifs et de travailler dans de nombreux types d’environnements, y compris différentes situations de voyage. Par le passé, les chiens sont les animaux qui ont connu le plus de succès dans ce processus pour de nombreuses raisons, l’un des facteurs étant qu’il s’agit de l’animal le plus domestiqué à ce jour. Les animaux comme les reptiles, les rongeurs, les chevaux et les félins ne sont pas aussi domestiqués, alors que certains ne le sont pas du tout. La domestication est définie comme une relation mutuelle entre un animal et un humain, où l’humain exerce une influence considérable sur les soins fournis à l’animal. Lorsqu’un animal n’est pas habitué aux personnes, aux lieux ou aux environnements, puis qu’il y est exposé, sa réaction peut aller de l’adaptation à l’anxiété, à la peur ou à la détresse. Un animal moins domestiqué est plus susceptible d’être craintif en présence de personnes. Un animal craintif augmente les risques pour la santé et la sécurité. Le maître ou le propriétaire doit avoir un certain niveau de formation pour reconnaître quand un animal est craintif. Cela est souvent méconnu, mal compris, ou n’est tout simplement pas pris en compte par de nombreux propriétaires d’animaux de compagnie et dresseurs d’animaux.

3. Dressage des animaux de soutien émotionnel

Pour qu’il soit possible transporter les animaux en toute sécurité à proximité de personnes et d’autres animaux, comme les chiens d’assistance, il doivent bien se comporter. Le dressage d’animaux n’est pas réglementé. Il s’agit d’un domaine non réglementé. De nombreux chiens sont dressés en utilisant des techniques punitives. Tout animal « dressé » en utilisant des méthodes punitives ou correctives présente un risque pour les animaux et les personnes inconnues dans son environnement. Les animaux qui ont appris à obéir par des techniques punitives peuvent constituer des « bombes à retardement » s’ils sont effrayés dans un lieu public.

Les animaux qui se comportent mal représentent un risque pour la sécurité de tous ceux qui voyagent avec eux. Les ASE et les chiens de compagnie ne sont pas habitués et préparés suffisamment pour voyager en toute sécurité dans les avions, les trains et les autobus et posent donc un risque pour les autres passagers. Lorsqu’ils sont effrayés, ces animaux peuvent réagir de façon agressive et causer des blessures aux autres.

a) Exigences relatives au dressage approprié

Le dressage des animaux n’est pas réglementé. Un animal « dressé » par des méthodes punitives ou correctives présente un risque pour les animaux et les personnes inconnues dans son environnement. Les animaux qui apprennent à se comporter au moyen de techniques de punitives peuvent agir comme des « bombes à retardement » s’ils ont peur dans un lieu public. Ils ne peuvent tolérer qu’un certain niveau de frustration avant de commencer à se protéger en faisant preuve d’agressivité.

Voici trois exemples de programmes de dressage et d’évaluation établis et publiquement recommandés au Canada :

  1. Canine Good Citizen (géré par l’American Kennel Club)
    • Ce programme évalue 10 aptitudes qui permettent de mieux maîtriser les chiens en public.
    • Les gâteries sont permises pendant le dressage, mais pas pendant le test.
    • Les colliers à piques, les harnais de tête et les colliers électriques sont interdits pendant le test.
  2. Bon voisin canin (géré par le Club canin canadien)
    • Ce programme évalue 12 aptitudes semblables à celles du programme Canine Good Citizen.
    • Le recours à la force ou à des commandes vocales excessivement fortes par le maître entraîne un échec.
    • Aucune gâterie n’est permise pendant le test.
    • Seuls les colliers à glissement, à boucle ou à martingale sont autorisés.
  3. Canadian Canine Good Citizen (dirigé par l’Association canadienne des propriétaires responsables de chiens)
    • Très semblable au programme Canine Good Citizen, mais peu d’informations sont disponibles.

Il est à noter que ces programmes ne précisent pas comment dresser un animal et se concentrent plutôt le comportement du chien, sans tenir compte de ce qu’il ressent. Certains chiens peuvent réussir le test tout en étant anxieux ou craintifs; ils risquent ainsi d’adopter un comportement défensif agressif en public. Les évaluateurs du test sont généralement choisis en fonction de leur adhésion à des clubs canins et de leur expérience en dressage de chiens. Ils n’ont pas besoin d’atteindre un certain niveau de formation ou d’expérience fondée sur des données scientifiques pour être évaluateurs. Cela ne garantit pas qu’ils reconnaîtront l’anxiété ou la peur chez les chiens. Par conséquent, aucun établissement, qu’il soit considéré comme digne de confiance ou non par le public ou les professionnels du dressage, ne peut garantir qu’un ASE ayant réussi une évaluation ne présente aucun risque pour la sécurité dans un environnement de voyage public.

Conclusion sur le dressage de chiens pour en faire des ASE

  1. L’industrie du dressage n’est pas réglementée.
  2. Il est impossible de confirmer qu’un animal est dressé simplement en consultant un document. Le document d’un établissement de dressage ne peut pas attester que l’animal ne présentera pas de risque pour la sécurité dans un environnement de voyage.
  3. Les animaux mal dressés ou non dressés présentent un risque pour la sécurité des voyageurs, des animaux d’assistance et de leur propriétaire.
  4. Le dressage ne peut pas confirmer qu’un ASE ne présente aucun risque.
  5. Certains établissements dressent les animaux en utilisant les méthodes scientifiques actuelles, ce qui permet d’avoir des chiens bien dressés qui se comportent bien, mais cette approche n’est pas normalisée ni réglementée et les détails à ce sujet ne figurent pas dans le présent document.

b) Dressage pour l’accès aux lieux publics

Le dressage des animaux n’est pas réglementé. Les chiens sont le seul animal qui peut atteindre un niveau de dressage lui donnant l’expérience nécessaire pour travailler dans divers environnements de voyage et autres. Les chiens d’assistance dressés et certifiés ont été élevés pour fonctionner et travailler dans des environnements et des circonstances variés et pour bien s’y adapter. Ces animaux ont été longuement préparés pour être en mesure de bien se comporter en public. Les ASE, tels que définis ci-dessus et considérés par l’ACAA et le ministère des Transports des États Unis comme des « animaux de compagnie », n’ont pas atteint ce niveau d’accoutumance. Ce qui est sensiblement différent chez d’autres espèces, y compris les chiens de compagnie, c’est que ces animaux n’ont tout simplement pas été préparés à travailler dans des lieux publics. Le dressage pour l’accès aux lieux publics ne leur permet pas de le faire.

c) Dressage professionnel par opposition à formation des propriétaires ou à dressage pour l’accès aux lieux publics

Le dressage des animaux est un domaine non réglementé, c’est pourquoi le dressage professionnel, la formation des propriétaires et le dressage pour l’accès aux lieux publics peuvent tous être considérés comme étant de même « niveau » en ce qui concerne l’animal de compagnie d’une personne. Cela s’explique par le fait qu’il n’existe pas actuellement de norme scientifiquement approuvée, qui aurait été évaluée et définie par des experts du comportement animal. Le maître ou le propriétaire doit avoir un certain niveau de formation pour reconnaître quand un animal est craintif. Cela est souvent mal compris, non reconnu, ou n’est tout simplement pas pris en compte par de nombreux propriétaires d’animaux de compagnie et dresseurs d’animaux.

d) Un dressage approprié par le propriétaire de l’animal est-il possible?

Le dressage des animaux est un domaine non réglementé, c’est pourquoi le dressage professionnel, la formation des propriétaires et l’entraînement pour l’accès aux lieux publics peuvent tous être considérés comme étant de même « niveau ». En effet, il n’existe pas de norme scientifiquement approuvée, qui aurait été évaluée et définie par des experts du comportement animal. Le maître ou le propriétaire doit avoir un certain niveau de formation pour reconnaître quand un animal est craintif. Cela est souvent mal compris, non reconnu, ou n’est tout simplement pas pris en compte par de nombreux propriétaires d’animaux de compagnie et dresseurs d’animaux.

Un programme avancé de dressage pour chiens d’assistance comprend certains critères pour faire en sorte que les chiens soient considérés comme sans danger pendant le transport. Même après avoir suivi un programme de dressage avancé, ce ne sont pas tous les chiens qui réussiront ce programme et seront reconnus comme des chiens d’assistance soumis au travail. Cela témoigne des qualités uniques que ces animaux développent et de la profonde stabilité de leur état émotionnel. Ce n’est pas le cas des ASE. Par contre, cela est essentiel pour les chiens d’assistance.

Les ASE et les animaux de compagnie ne sont pas soumis à un dressage aussi avancé et n’acquièrent pas une expérience aussi poussée; rien ne garantit donc qu’ils se comporteront bien et ne poseront pas de risque pour la santé et la sécurité publiques.

Un propriétaire d’ASE pourrait affirmer que dans le cadre du processus de dressage particulier de son animal, l’évaluation de son bon comportement pendant les déplacements à destination et à l’intérieur d’un aéroport ou d’une gare ferroviaire ou routière pourrait justifier la présence de l’animal dans un avion, un train ou un autobus. Il est raisonnable de croire que si le chien de compagnie d’une personne se comporte bien pendant toute l’expérience préalable au voyage (le transport à l’aéroport, l’attente en file pour l’enregistrement, l’enregistrement d’une valise, le contrôle de sécurité, l’attente avant l’embarquement, le fait de se trouver dans des endroits bondés), il s’agit en soi d’une évaluation de la façon dont l’animal pourrait s’adapter et se comporter pendant le voyage. Il existe des chiens qui sont très stables sur le plan génétique et peuvent s’adapter facilement au changement. Cette opinion ne permet cependant pas de vérifier ni de confirmer que l’animal ne présentera pas de risque pour la sécurité pendant l’expérience de voyage réelle. Tout chien qui se sent craintif ou anxieux peut être indiscipliné, ce qui pose un risque pour la sécurité des personnes présentes dans l’environnement.

Le dressage d’appoint, au besoin, fait partie de la vie d’un chien d’assistance. Puisque le dressage est un domaine non réglementé, le « dressage d’appoint » pour les ASE comporte toujours un risque pour leur capacité d’apprentissage, surtout si des méthodes punitives sont utilisées et ne peuvent garantir aucune norme de comportement souhaité pendant les déplacements.

4. Indicateurs pouvant servir à évaluer les risques pour la sécurité

Le maître ou le propriétaire doit avoir un certain niveau de formation pour reconnaître quand un animal est craintif. La capacité de saisir les intentions d’un animal à partir de son langage corporel et de son comportement est trop souvent méconnue, mal comprise ou n’est tout simplement pas prise en compte par de nombreux propriétaires d’animaux de compagnie et dresseurs d’animaux. Bien maîtrisée par les experts du comportement animal, cette compétence n’est assurément pas requise chez un employé de l’industrie du voyage par avion, train ou autobus. Les chiens craintifs susceptibles de présenter un risque pour la sécurité des voyageurs pourraient passer inaperçus aux yeux du personnel à bord des avions, des trains et des autobus.

Les chiens peuvent aussi être porteurs de zoonoses, bien qu’ils soient le seul animal dressé pour maîtriser pleinement ses fonctions d’élimination. Il est pratique courante chez les propriétaires de chiens d’avoir soumis leur animal à un examen vétérinaire récent et de recevoir les documents nécessaires avant un voyage pour s’assurer que leur animal est traité avec les médicaments préventifs recommandés contre les parasites, qu’il n’est pas porteur de zoonoses contagieuses et qu’il n’a pas d’autre problème médical. Ces documents peuvent attester que l’animal est en bonne santé et comprendre une évaluation de son comportement dans ce milieu. Il devrait s’agir d’une exigence de base pour accepter qu’un animal voyage en public, ce qui favorise un environnement sécuritaire pour l’animal, le maître ou le propriétaire et le grand public. Certains propriétaires de chiens nourrissent leur animal avec des aliments crus, ce qui pose un risque pour la santé de toute personne avec laquelle il entre en contact parce qu’il risque de propager la salmonelle, la bactérie E. coli, la listériose, etc.

L’auteure est d’accord avec le résumé du document de l’ACAA et les renseignements du ministère des Transports des États Unis, selon lesquels les compagnies aériennes peuvent exiger des documents à jour d’un vétérinaire pour s’assurer que l’animal est suffisamment en bonne santé pour voyager, qu’il n’est pas atteint d’une maladie transmissible et qu’il a reçu tous ses vaccins. Ces documents peuvent comprendre des commentaires sur le comportement général du chien (c. à d. qu’il n’a pas manifesté de comportement agressif et n’a blessé personne dans l’environnement où il a été examiné). Le vétérinaire professionnel ne peut toutefois pas attester que le comportement de l’animal serait identique dans n’importe quelle situation de voyage.

Il serait raisonnable d’estimer que l’expression « à jour » signifie dans un délai de deux à trois mois, et que le document dans lequel se trouvent les observations provient d’un vétérinaire « en règle » avec son organisme de réglementation (p. ex. l’Ordre des vétérinaires de l’Ontario).

5. Autres considérations relatives aux ASE dans un environnement de voyage

Voici quelques concepts qui, de l’avis des experts du domaine du comportement animal, sont des connaissances générales essentielles pour examiner les ASE.

Cinq conditions essentielles

Tous les animaux méritent que le principe bien établi des « cinq libertés » soit respecté. Ce principe fournit une orientation aux personnes sur les besoins de base des animaux afin d’assurer leur protection et met l’accent sur leur capacité de s’adapter à un environnement donné.

Cinq libertés

  1. Ne souffrir d’aucune douleur, maladie ou blessure;
  2. Échapper aux conditions qui causent une souffrance mentale (stress, anxiété, crainte);
  3. Ne souffrir d’aucun stress thermique ou physique (en offrant un abri adéquat et une aire de repos);
  4. Ne souffrir ni de faim ni de soif (en fournissant un régime alimentaire adéquat et de l’eau potable en quantité suffisante);
  5. Être libre d’accomplir la plupart de ses comportements naturels (espace, substrats), y compris le repos.

Tout animal qui n’a pas été dressé dans le cadre d’un programme avancé comme celui offert aux chiens d’assistance, qui comprend les expériences nécessaires pour se sentir bien dans un environnement de voyage ou s’y habituer, risque de subir un stress important et de graves problèmes d’anxiété et de peur.

6. Conclusion

Il est essentiel de tenir compte du fait qu’un animal dressé diffère d’un animal qui semble suffisamment stable pour s’adapter à n’importe quel environnement. Ce concept peut s’appliquer de façon générale à tous les types d’animaux domestiques. Pour répondre à la question de savoir si un ASE est acceptable ou non, il faut s’attarder à la stabilité émotionnelle de l’animal dans une situation de voyage, car cela comprend, entre autres, le fait d’être bien dressé. Toutes les espèces d’animaux, à l’exception des chiens, devraient être exclues à titre d’ASE potentiels dans un environnement de voyage. Du point de vue de la santé et de la sécurité, toutes les autres espèces d’animaux ne peuvent pas se retenir de se soulager, ce qui engendre un risque de transmission de zoonoses dans l’environnement de voyage. Cet environnement inclut inévitablement des passagers qui sont considérés à haut risque en cas de transmission, notamment les personnes âgées, les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. De plus, puisque le dressage des animaux est très peu réglementé, le fait de présenter un document affirmant que le chien a un bon comportement engendre un risque, notamment parce qu’il est impossible de confirmer que l’animal ne ressentira pas d’anxiété et de peur pendant les déplacements et qu’il ne se comportera pas de façon agressive envers d’autres personnes. Un expert du comportement animal pourrait déterminer si un animal s’adapte bien et n’est pas anxieux ou craintif pendant un voyage. Toutefois, une personne ordinaire travaillant dans une aérogare ou dans une gare ferroviaire ou routière n’aurait pas cette compétence ni le temps d’évaluer l’animal qui, s’il était autorisé à voyager, entraînerait dans tous les cas une augmentation du nombre de variables contribuant au risque pour la sécurité des autres passagers.

Bibliographie

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